lundi 9 mars 2015

Premier amour

Peut-on aimer pour toujours ? C'est la question que je me pose ce soir.
Avez-vous déjà connu l'amour ? Le grand amour ? Cet amour qui vous prend aux tripes, qui ravage tout dans votre vie si tranquille, qui vous laisse un souvenir doux-amer ?
Moi oui. Je l'ai connu il y a plus de dix ans déjà. Je n'étais encore qu'une adolescente qui croyait encore au prince charmant et je l'ai rencontré lui. Non, il n'est pas arrivé sur son blanc destrier, mais avec un sourire plein de douceur.
J'avais seize ans la première fois que nos regards se sont croisés et je m'en souviens comme si c'était hier. On était devant le lycée, chacun avec son groupe d'amis.Lui, vêtu de vert avec sa casquette plus que ridicule, moi me moquant de lui. Il s'est retourné, j'ai croisé ses beaux yeux sombres et je ne m'en suis jamais vraiment remise. Pourtant ce jour-là, je n'avais encore rien réalisé. 
Deuxième rencontre quelques semaines plus tard, une dispute bonne enfant et mon coeur commençait déjà a changé. Troisième rencontre, toujours entourés de nos amis respectifs, un bonjour, un fou rire et j'étais déjà conquise. Une quatrième rencontre entre deux portes, des regards qui se croisent, un sourire charmeur au bout des lèvres et je l'aimais déjà. Cinquième rencontre, le plus beau sourire qu'il m'ait été donné de voir rien que pour moi et je savais. Je savais que ma vie ne serait plus jamais comme avant. Je savais que je l'avais trouvé, celui qui saurait faire fondre mon coeur de glace, emprisonner mon coeur volage, me prouver que l'amour existe.
Et pourtant, il ne correspondait en rien à l'image que je m'étais faite de mon homme idéal. Il n'était pas si grand, de taille moyenne, trop beau, trop tape à l'oeil, trop. C'est le mot. Il était trop. Tout ce que je n'aime pas. Tout ce que je ne suis pas. Je me suis alors fait violence. "N'y vas pas", me suis-je dis. "Tu vas t'y brûler les ailes. tu ne t'en sortiras pas indemne". Mais je ne voulais rien entendre. Tout ce que je voulais, c'était lui.
J'ai alors découvert qu'on pouvait aimer sans rien attendre en retour, sauf peut-être voir l'être aimé. J'ai alors appris à aimer sans être aimée. Certains penseront que c'est triste, mais je ne l'étais pas. J'aimais cette situation : être là pour lui, à ses côtés, sans rien demander que sa présence. Pathétique ! Sans aucun doute, mais c'était mieux que rien.
Bien sûr, j'ai voulu plus, j'ai espéré plus, mais ça ne devait pas se faire. Enfin, c'est ce que je me dis chaque jour pour me consoler.
Il y a des gens comme ça qui ne font que croiser votre route en y apportant leur pierre. Certains vous marqueront plus que d'autres, mais ils auront tous une utilité. Ils vous feront grandir, mûrir. Ils vous guideront et auront toujours une chose à vous apprendre que vous le vouliez ou pas.
Lui, il m'a appris à aimer. Avant lui, je ne savais ce que c'était. Je ne savais pas qu'en amour on pouvait se contenter de peu. Je me trompe peut-être.
Il m'a aussi appris à avoir peur, à avoir mal. Ne vous y trompez pas ! Dans ce genre d'amour à sens unique celui qui aime souffre toujours. On ne peut pas éternellement aimer la même personne sans attendre quelque chose. Cela aussi je l'ai appris de lui.
Oui, je l'ai aimé et j'ai été heureuse tant que je pouvais seulement le voir, puis j'ai voulu plus et je n'ai rien eu. J'ai même tout perdu. A qui la faute ? A pas de chance sans aucun doute.
Depuis, je ne vis plus, mais je survis. J'avance dans la vie en me disant qu'un jour tout redeviendra normal. Je finirai par oublier la douleur, le manque, le vide. Je parviendrai toujours à avancer et à trouver du bonheur autour de moi. Mais j'avoue que j'ai souvent l'impression qu'il me manque quelque chose, comme une partie entière de moi-même. Mes amies me disent que je me complais dans le passé pour ne plus souffrir, moi je dis que la souffrance que je ressens depuis ne sera jamais égalée. Elles pensent que j'ai peur d'aimer, moi je pense que je ne sais plus aimer. Elle croient que le temps guérit tout, moi je sais qu'il ne fait que renforcer la douleur.
Comment expliquer ce que je ressens avec des mots ? J'ai parfois l'impression, quand son souvenir se fait trop présent, que je ne peux plus respirer. J'ai l'impression qu'un poids énorme a été posé sur mon coeur et rien n'y fait, je ne peux l'enlever. Et si j'essaie très fort, je ressens une douleur vive en pleine poitrine comme un coup de poignard qui me saignerait à blanc. Et quand j'accepte les larmes, je m'écroule sur le sol en implorant le ciel de faire cesser la douleur. J'ai souvent l'impression qu'on m'arrache le coeur pour le remettre avant de recommencer.
Mais le pire c'est le calme. Quand j'arrive à tout refouler, à faire semblant que tout va bien, je finis par ne plus rien ressentir et c'est là le pire.
Pourtant j'ai fait ma vie et je l'ai plus ou moins réussi, mais il me manque quelque chose essentielle à ma vie. Vous pensez que c'est lui, mais non. Il me manque l'amour. Je ne sais plus aimer, ni donner à ceux qui m'entourent. A quoi ça sert ? C'est ce que je me demande souvent, mais je sais qu'une vie est vide sans amour. Aimer sa famille, ses amis, sa moitié, son enfant. Je dois réapprendre tout ça, c'est pourquoi je me demande si on peut aimer pour toujours. 
Voilà ma première véritable divagation. N'y faites pas attention ! 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire